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Type de textesource
TitreἹππίας μειζών
AuteursPlaton (Πλάτων)
Date de rédaction(-410):(-350)
Date de publication originale
Titre traduitHippias majeur
Auteurs de la traductionCroiset, Maurice
Date de traduction1921
Date d'édition moderne ou de réédition
Editeur moderne
Date de reprint

SOCRATE — Mais quand je lui aurai déclaré que je considère Phidias comme un grand artiste, il poursuivra : « Phidias, à ton avis, ignorait-il l’espèce de beauté dont tu parles ? » — « Pourquoi cela ? » — « C’est qu’il n’a fait en or ni les yeux de son Athéna, ni le reste de son visage, ni ses pieds, ni ses mains, comme il l’aurait dû pour leur donner plus de beauté, mais qu’il les a faits en ivoire : évidemment il a péché par ignorance, faute de savoir que l’or embellit tous les objets auxquels on l’applique. » À cette objection, Hippias, que répondrons-nous ? 

HIPPIAS — La réponse est facile : Phidias, dirons-nous, a bien fait ; car l’ivoire, à mon avis, est une belle chose.

SOCRATE — « Mais alors, dira-t-il, pourquoi Phidias, au lieu de faire en ivoire l’intervalle des deux yeux, l’a-t-il fait en marbre, un marbre d’ailleurs presque pareil à l’ivoire ? » Le beau marbre possède-t-il donc aussi la beauté ? Devons-nous en convenir, Hippias ? 

HIPPIAS — Oui, certes, s’il est employé à propos.

SOCRATE — Sinon, il est laid ? Dois-je aussi reconnaître ce point ?

HIPPIAS — Oui : hors de propos, il est laid.

SOCRATE — « Ainsi, l’ivoire et l’or, me dira-t-il, ô très savant Socrate, embellissent les choses quand ils y sont appliqués à propos, et les enlaidissent dans le cas contraire, n’est-il pas vrai ? » Faut-il repousser cette distinction ou reconnaître qu’elle est juste ?

HIPPIAS — Elle est juste, et nous dirons que ce qui fait la beauté de chaque chose, c’est la convenance.